Le roseau

Moi je suis une flaque, tout mon cœur est liquide,
À la moindre attaque, mon sang se vide
J’ai l’humeur facile et l’élan généreux
Et le désir docile aussitôt qu’on me veut.

Si tu me tends la main, je me pends à ton cou
Dans les moindres recoins, je te suivrai partout,
Avant que tu ne parles, je serai de ton avis
Tu es le bois qui casse, moi le roseau qui plie.

À  l’heure de la révolte,  au salut des héros
Si certains sont martyrs, moi, je suis le troupeau
Quand la guerre est intime, qu’elle menace mon égo
Je me rends sans attendre dès le premier assaut.

Tu veux savoir pourquoi je suis toujours d’accord
Pour je n’en pense rien et je me fonds dans le décor
J’ai bien trop à perdre rien de mieux à gagner
Qu’un peu d’estime offerte à mon image abîmée.