L’organe de trop

J’ai secoué mes cheveux
Dans un mouvement parfait
Où se mêlent la grâce,
Un « je ne sais quoi » de sacré.

Je me suis tenue là
Avec ma seule dignité
Et dans un doux fracas (Boum!)
Le monde s’est arrêté.

Est-ce le charme en moi
Ou l’élégance innée
Qui fait pleurer les femmes
Et bander leurs moitiés ?

Aucun doute ne m’habite
Rien ne fait vaciller
Cette assurance bénie
Le bonheur d’exister.

J’aime que l’on m’admire
Et qu’on se jette à mes pieds
Et qu’enfin pour tout dire
Je sois le seul sujet.

Est-ce le charme en moi
Ou l’élégance innée
Qui fait pleurer les femmes
Et bander leurs moitiés ?

Quand certains se questionnent
Évaluent leur image
Je m’insurge et m’étonne
D’un tel remue-ménage.

Moi, je m’offre impassible
Aux regards aiguisés
Qui voient en moi la bible,
Un étalon de beauté.

Est-ce le charme en moi
Ou l’élégance innée
Qui fait pleurer les femmes
Et bander leurs moitiés ?

À quoi sert cet organe ?
Ce minuscule cerveau
Où se battent 2 neurones
Dans quelques litres d’eau.

Pour le triomphe du beau
Et par cette chirurgie,
J’efface mon seul défaut
Par la lobotomie.